L’EXPÉRIENCE D’UN MÉDECIN « TRANSMETTEUR » À L’OCCASION DU PLAN GRAND FROID DE LA MAIRIE DE PARIS.

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L’expérience d’un médecin « Transmetteur » à l’occasion du plan Grand froid de la Mairie de Paris.

Auteur : Dr Cécile RENSON

Extrait :

Pour la cinquième année, les médecins Transmetteurs ont apporté leur concours à la Mairie de Paris à l’occasion du plan Grand froid.

Mais qui sont ces « Transmetteurs » et quel rôle jouent-ils ?

L’expérience d’un médecin « Transmetteur »

à l’occasion du plan Grand froid

de la Mairie de Paris

Pour la cinquième année, les médecins Transmetteurs ont apporté leur concours à la Mairie de Paris à l’occasion du plan Grand froid.

Qui sont « Les Transmetteurs » ?

L’association « Les Transmetteurs » a été créée en 2005 par le Docteur Xavier Emmanuelli, ancien Secrétaire d’Etat à l’Action humanitaire d’urgence et fondateur, entre autre, du Samu Social. A la suite de la canicule de 2003, qui s’était montrée dévastatrice chez les personnes isolées, plus ou moins âgées, en même temps qu’on déplorait déjà une pénurie médicale, Xavier Emmanuelli a imaginé une réserve sanitaire constituée de médecins retraités. Il faut croire que l’idée n’était pas farfelue puisque deux ans plus tard, le gouvernement créait l’EPRUS, Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, faisant appel aux médecins réservistes volontaires afin de répondre à toutes sortes d’urgences sanitaires…

Des gymnases au secours des plus démunis…

Bref, lors des hivers 2010 et 2011, il a été demandé aux médecins Transmetteurs volontaires d’accompagner les maraudes du Samu social afin d’apporter leur pratique auprès des gens qui continuent à vivre dans la rue quelle que soit la température extérieure.

Cette expérience n’a pas vraiment apporté de satisfaction : les exclus qui vivent sur leur territoire âprement défendu, sont craintifs, se méfient de tout visage étranger à leurs habitudes et le concours de médecins ne se justifiait que très rarement.

Forts de ces réflexions, les Transmetteurs ont proposé d’assurer des vacations une fois par semaine dans les gymnases municipaux réservés à l’hébergement d’urgence des hommes sans abri envoyés par le Samu social ou par d’autres associations.

C’est ainsi que lors du dernier hiver, sept gymnases ont accueilli les gens de la rue, chacun pendant trois semaines, certains ouverts en même temps que d’autres, en fonction des conditions climatiques. Dix-huit Transmetteurs se sont inscrits et ont assumé dix-huit vacations, le plus souvent en binômes.

160 personnes se sont présentées, certaines venant deux ou trois fois de suite.

Et là, quelles interventions ont été celles des Transmetteurs ?

Elles se résument en trois actions : l’écoute, le conseil, l’orientation.

L’écoute est essentielle. Souvent ces personnes viennent « pour parler », n’ayant eu de conversation avec personne dans la journée. Elles peuvent évoquer leurs problèmes… mais attention, tout questionnement peut leur paraître intrusif et alors tout dialogue devient impossible. Elles veulent s’assurer qu’elles ont en bonne santé, témoin ce jeune garçon qui arrivait du Pas-de-Calais, avait décroché un CDI à Paris, mais n’avait pas assez d’argent pour trouver un logement.

Les conseils médicaux sont aussi les bienvenus avec l’administration de médicaments courants, type paracétamol, médicaments agissant sur le tube digestif, voire quelques somnifères. La Mairie de Paris fournit une trousse de pharmacie d’urgence pour tous ces petits soins. Parfois, il a été demandé de procéder à la réfection d’un pansement. Les Transmetteurs ne prescrivent plus : peu de ces personnes sans domicile bénéficient d’une couverture sociale. Et lors de rupture de traitement, comme il a été vu trois fois, les patients sont envoyés dans le secteur hospitalier (anti-épileptique, anti-hypertenseur).

L’orientation

Les personnes sont adressées dans les PASS (permanence d’accès aux soins). La loi sur les exclusions du 29 juillet 1998 entend garantir, sur l’ensemble du territoire, l’accès effectif de tous aux droits fondamentaux dans les domaines (…) de la protection de la santé (…).Les établissements publics de santé mettent en place des permanences d’accès aux soins de santé adaptées aux personnes en situation de précarité, prévoyant des consultations externes, des actes diagnostiques et thérapeutiques, ainsi que des traitements qui sont délivrés gratuitement à ces personnes..

Ont été orientées les personnes souffrant de problèmes bucco-dentaires sur le PASS de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, celles, très nombreuses porteuses de parasitoses ou de problèmes dermatologiques sur la PASS de l’hôpital Saint-Antoine, beaucoup ont été dirigées sur la PASS de l’Hôtel –Dieu, les accueillant rapidement et sans rendez-vous. Deux personnes ont présenté des troubles psychiques qui les ont conduites à l’hôpital Sainte-Anne.

Cette population accueillie dans les gymnases est composée d’étrangers migrants sub-sahariens et africains, afghans, mais aussi d’européens de l’Est et de français.

Ils bénéficient dans ces gymnases de consultation avec un travailleur social à leur disposition qui leur permet de faire le point sur leurs droits , leur devenir et tenter de faire en sorte que ce passage dans les gymnases parisiens ne constitue qu’un bref épisode de leur vie.

Les Transmetteurs sont parfaitement intégrés aux équipes de volontaires, tous fonctionnaires de la Ville de Paris. Cette coopération, reconnue par la municipalité parisienne, est vécue comme rassurante par le personnel d’accueil, réconfortante pour les personnes hébergées et gratifiante pour les médecins qui ont cessé leur activité mais qui ont toujours à cœur de soulager leurs semblables.

Docteur Cécile Renson

Présidente de l’AFFM

Association les transmetteurs

14, rue du Commandeur

75014 PARIS

http://www.lestransmetteurs.fr/