QUELLE HONTE !
Trois anciennes élèves d’HEC viennent de circonvenir les plus hautes autorités morales en médecine, de bien vouloir donner un « deuxième avis médical en ligne » pour la coquette somme de 295€.
Que croyez-vous que le Conseil National de l’Ordre des Médecins ait répondu aux éminents spécialistes sollicités et favorables à cette expertise rémunératrice ? Certes ils ont des noms mondialement reconnus et on n’imagine pas qu’ils puissent un jour être contredits : un, certes ancien, président de la Haute Autorité de Santé comme le Professeur Laurent Degos, un, certes ex, président du Comité consultatif national d’éthique comme le Professeur Didier Sicard.
Le CNOM a donné sa bénédiction : « cet avis représente une amélioration » ! Comment a-t-on pu guérir des patients jusqu’alors ?
Bien sûr qu’il est tout à fait licite de demander un deuxième avis en cas de décisions difficiles, ce qui se fait très souvent. Je croyais même que c’était l’objet des staffs hospitaliers !
Le Professeur Pierre-Louis Druais, président du collège de médecine générale se justifie : « l’idée est d’aider les patients à l’étranger ou qui vivent dans des territoires éloignés, mais aussi qui ont un problème de santé complexe »…
Depuis quand la télé- transmission des données biologiques, radiologiques et autres confiées à des « hyperspécialistes »,va devoir primer sur la rencontre clinique ?
Qu’en est-il du « colloque singulier entre le patient et son médecin » ?
Quel dédain pour les médecins généralistes toujours dévoués à leur patientèle, soucieux d’appliquer les tarifs conventionnels de la Consultation à 23€ ! J’espère que pour le prix, les assurances en responsabilité professionnelle se retourneront vers ces experts médicaux au premier rang desquels siège la coprésidente du CISS, représentation des usagers dont les compétences médicales doivent sûrement être reconnues pour figurer ainsi parmi ces doctes personnages !
Quelle arrogance de vouloir se substituer aux experts qui ont tous une compétence reconnue en la matière, doublée d’une formation médico-légale !
Plutôt que de choisir ce téléconseil aussi onéreux qu’aléatoire, les patients peuvent encore solliciter de leur médecin un avis de confrère choisi par celui-ci en toute déontologie.
Aux médecins, à mes confrères et consœurs que je sais respectueux de leurs devoirs, de se battre contre ce service habillé de fausse-bonne justification, qui ne servira qu’à servir la fatuité d’anciens en perte de reconnaissance et à remplir l’escarcelle de bonnes commerçantes.
La médecine française s’honore de ne pas être mercantile.
C’était même sa fierté ! Pour combien de temps ?
Dr Cécile RENSON
Présidente de l’AFFM
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