Quel avenir?
L’AFFM, bercée par sa notoriété et ses acquis, comme étreinte d’une paresse douce et amicale, me fait songer à trois films : « La guerre des boutons« , « Le pas de la cigogne« , « Le bois de bouleaux « . Ils m’ont profondément émue : pétris de tendresse enfantine et de beauté mélancolique, ils projettent vers des futurs incertains, redoutés, espérés. Tel semble se dessiner la médecine de demain, à l’heure où le Comité Consultatif National d’Ethique planche sur les deux extrêmes de la vie : sa conception et sa fin. Les interrogations sur la Procréation Médicalement Assistée, PMA, et la Gestation Pour Autrui, GPA, comme sur l’euthanasie, rebattent les cartes et changent la donne entre les incertitudes sur le rôle de la médecine hippocratique et la place des femmes médecins face à l’impérialisme des certitudes technico-scientifiques.
Les pionnières qui nous ont ouvert les portes de la médecine s’en affoleraient probablement. L’AFFM est confrontée aujourd’hui à une transformation des enjeux de vie et des valeurs. Alors « Si j‘aurais su, j’aurais pas venue ». Et, je savais, je savais qu’une résonance intime, une mémoire oubliée, un incoercible élan nous portent toutes, à notre façon vers une médecine pérenne. Me voilà avec vous, le pas suspendu, errant dans l’immense forêt du boulot.
Ouvrons les yeux, rien n’est jamais acquis. La féminisation de la profession n’est pas le meilleur garant de notre liberté, du respect de notre spécificité, de notre place de femme et de médecin.
La médecine et la société sont en pleine métamorphose. Nous devons être là, bien présentes, actives, inventives. Le train de la mutation ne passera pas deux fois, il faut le prendre maintenant, engager nos filles à faire de même pour faire entendre nos voix, nos besoins et nos aspirations.
Les femmes médecins doivent être les actrices du changement. L’AFFM, force de proposition et pouvoir d’action a un rôle à jouer dans l’ébranlement sociétal que nous traversons.
Intelligence artificielle, clonage, chirurgie de l’ADN, utérus artificiel , robots et robotes, tout concourt à une instrumentalisation des médecins. Des chercheurs chinois ont publié dans « CELL » leur expérience réussie de clonage de singes macaques, une première chez des primates. La néosociété mondialisée, digitalisée revendique les prouesses, obnubilée par la performance fascinante plus que par les progrès médicaux .
Nous toutes, femmes médecins, prudentes et rigoureuses, unies avec nos confrères dans la parité, la mixité et la complémentarité, nous avons le devoir de conseiller et de veiller aux valeurs qui préserveront l’avenir de nos enfants.
Rejoignez nous.
Dr Isabelle GAUTIER
Présidente de l’Association Française des Femmes Médecins
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