LA VACCINATION CONTRE LA GRIPPE

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La vaccination contre la grippe – Dossier n°2 Nov.2013

Auteur : Dr Cécile RENSON

Extrait :

Les Français boudent la vaccination contre la grippe. Pire, ils n’auraient plus confiance dans cette pratique.

Qu’en pensent nos consœurs ? Quel est l’opinion de leurs patients ? Cette perte de confiance dépasse-t-elle la vaccination contre la grippe saisonnière et s’étend-elle aux autres vaccins ?

Vos réactions nous intéressent….

 

LA VACCINATION CONTRE LA GRIPPE

Les Français boudent la vaccination contre la grippe. Pire, ils n’auraient plus confiance dans cette pratique.

Qu’en pensent nos consœurs ? Quel est l’opinion de leurs patients ? Cette perte de confiance dépasse-t-elle la vaccination contre la grippe saisonnière et s’étend-elle aux autres vaccins ?

Vos réactions nous intéressent….

La grippe saisonnière et les idées reçues.

Il faut croire que la fameuse grippe aviaire de 2009 due au virus H1N1 a causé beaucoup plus de ravages psychologiques que physiques.

En effet, sa prévention par une vaccination de masse avec la mise à l’écart des médecins généralistes, l’improvisation des lieux de vaccination, la réquisition des internes, a soulevé beaucoup d’interrogations dans l’opinion publique, sans parler du gâchis occasionné par une commande démesurée de 94 millions de vaccins uni-doses  pour la modeste somme de 712 millions d’euros.

Il est reconnu aujourd’hui que les autorités sanitaires ont manqué de discernement et que l’agitation procurée n’a convaincu que 5 millions de personnes qui se sont faites vacciner.

Aujourd’hui, le mal est fait.

Selon l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (INPES), les Français qui ne font pas confiance aux vaccins sont passés de 8% en 2000 à 38% en 2010.

Par ailleurs, le profil des opposants semble avoir évolué : les réserves à la vaccination sont plus importantes chez les personnes de faible niveau scolaire.

En trois ans, la couverture vaccinale est passée de 60% à50%, et pourtant, la grippe, souvent considérée comme bénigne peut entraîner des complications graves chez les personnes fragiles.

L’an dernier, l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a recensé 818 cas graves ayant conduit à des hospitalisations  en serve de réanimation, et enregistré 158 décès.

Faut-il rappeler que la vaccination est recommandée pour :

– Les personnes âgées de 65 ans et plus,

– Les personnes souffrant d’affections de longue durée (ALD),

– Celles qui souffrent d’asthme ou de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO),

– Les personnes présentant une obésité sévère avec un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 40kg/m²,

– Les femmes enceintes (la vaccination protège à la fois la mère et le nourrisson dans les premiers mois de sa vie, par passage trans-placentaire des anticorps maternels).

Cette infection respiratoire très contagieuse se répand très rapidement dans la population. Aussi la vaccination est-elle recommandée pour l’entourage des personnes à risque, ainsi évidemment qu’aux professionnels de santé.

Si elle ne permet pas toujours d’éviter la maladie, elle en réduit le risque de complications graves.

L’efficacité du vaccin est variable selon l’âge de la personne, souvent moindre chez les personnes âgées, et selon les souches. On reconnaît trois  types  de virus Influenzae : ABC, distingués par l’antigénicité de leurs nucléotides. La composition du vaccin, trivalent, est adaptée chaque année aux souches virales qui ont circulé l’année précédente et sont les plus susceptibles d’être présentes l’hiver suivant.

Le vaccin est bien toléré par l’organisme, contrairement à ce que croient 80% des Français.

Des réactions locales peuvent être observées au point d’injection (douleur passagère, rougeur), parfois des effets indésirables bénins qui disparaissent sans traitement (fièvre, malaise général, douleurs musculaires).

La vaccination contre la grippe H1N1 avait été soupçonnée de favoriser la survenue de narcolepsie .En fait, 60 personnes sur les 5,7 millions ayant subi la vaccination auraient présenté cette maladie consécutive à l’un des trois vaccins proposés.

De même, cette vaccination aurait occasionné la manifestation du syndrome de Guillain-Barré, polyradiculonévrite inflammatoire aiguë le plus souvent régressive. Mais la survenue de ces complications rarissimes reste très inférieure au risque de complications graves que peut provoquer la grippe elle-même. La présence d’adjuvant (AS03) a été mise en cause.

Aucun des vaccins proposés aujourd’hui ne contient d’adjuvant.

La vaccination doit être renouvelée tous les ans :

– D’une part parce que son efficacité est limitée dans le temps. L’immunité ne dure que de 6 à 8 mois, chez les personnes âgées du fait d’une immunosénescence.

– D’autre part, les souches virales qui circulent sont différentes d’une année à l’autre, et le vaccin est fabriqué en fonctions de ces évolutions.

Enfin,  il ne faut pas oublier qu’un délai de quinze jours est nécessaire à l’établissement de l’immunité post-vaccinale.

La grippe saisonnière constitue un problème de santé publique. Il convient certes, de ne pas renouveler la phobie provoquée par la grippe H1N1, mais la meilleure façon d’éviter une pandémie relève d’un geste simple et raisonné : la vaccination.